Soumis par reza le Feb 16

AVANT-PROPOS

L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), œuvre, notamment, à ériger un espace communautaire performant, où les femmes et les hommes ont les mêmes chances de contribuer au développement de leur région et de bénéficier équitablement des fruits de la croissance. Pour une intégration régionale soucieuse d’optimiser les performances de l’espace, il est essentiel de tenir compte de la dimension Genre dans la gestion du développement. Cela s’opère à travers l’institutionnalisation du Genre.

Depuis la conférence de Beijing en 1995, l’institutionnalisation du Genre a été reconnue comme une des pistes majeures pour réduire les inégalités et iniquités entre les femmes et les hommes. Cependant, la mise en œuvre de cette orientation constitue un défi crucial dans le monde faute d’outils, de procédures, de mécanismes adaptés, ainsi que de ressources humaines idoines. Cela explique la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes au sein de l’Union malgré les Politiques Nationales Genre adoptées par chaque État membre. C’est pourquoi, la Stratégie Genre de l’Union, adoptée par décision N°03-2018/CM/UEMOA du 29 juin 2018 du Conseil des Ministres, a comme pilier fondamental l’institutionnalisation du Genre dans la mesure où elle constitue l’insuffisance majeure et commune à l’ensemble des États membres qui freine la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes.

Avec une population de plus de 141 millions d’habitants en 2022, dont 50,03% de femmes et un taux de croissance moyen du produit intérieur brut estimé à environ 5% sur les dix dernières années (2013-2022), exception faite de l’intermède de l’année 2020 (2,4%) dû à la Covid19, l’UEMOA constitue un pôle de développement majeur sur le continent africain.

Cependant les enjeux de développement durable invitent à s’interroger sur le caractère inclusif et optimal de cette performance macroéconomique. Une croissance inclusive et durable nécessite, entre autres, que toutes les franges de la population y contribuent et optimisent cette participation dans tous les secteurs. A cet effet, l’institutionnalisation du Genre doit se baser sur la planification en intégrant la sexospécificité dans la chaine « Prospective-Planification-Programmation-Budgétisation-Suivi-Evaluation PPPBSE) » pour infléchir l’ensemble des politiques publiques.

Allant du principe que le Genre, au-delà des préoccupations liées aux droits humains, est un instrument de planification, et tenant compte des enjeux précités, les États membres de l’UEMOA se sont dotés d’un Schéma organisationnel Type d’Institutionnalisation du Genre dans les Ministères et les Institutions (STIG) pour adresser les insuffisances à la prise en compte systématique et transversale de la sexospécificité.

Adopté par le Conseil des Ministres de l’UEMOA par décision N°005/2022/CM/ UEMOA du 24 juin 2022, le STIG définit les instances, les processus et les outils nécessaires pour développer une culture de la prise en compte systématique et transversale des besoins des femmes et des hommes dans les politiques, les programmes, les budgets et les pratiques managériales des États membres. 

Ce dispositif type, constituant un modèle d’institutionnalisation du genre dans les administrations nationales, pourra être contextualisé le cas échéant pour prendre en compte certaines spécificités nationales. 
Ainsi, il permettra de rendre effective la transversalité du genre dans l’ensemble des départements sectoriels afin d’œuvrer à la réduction des inégalités dans tous les secteurs, aussi bien au niveau central que local. Ce faisant, le STIG vient faciliter l’atteinte des objectifs de la Politique Nationale Genre dans chaque État membre en vue d’un développement économique inclusif et durable de notre espace communautaire, au profit de nos concitoyens.

Abdoulaye DIOP,
Président de la Commission de l’UEMOA