Soumis par reza le Feb 17

CONCLUSION

Le schéma organisationnel type d’institutionnalisation du Genre dans les États membres de l’UEMOA est une contribution à la résolution de nombreuses problématiques qui se posent encore aux pays de l’UEMOA en dépit de leurs efforts pour favoriser l’impact différencié et sexospécifique des politiques publiques dans la totalité des secteurs d’activités. 

Globalement, les États membres de l’UEMOA restent confrontés à la persistance des facteurs socioculturels, politiques et religieux défavorables à l’Égalité hommes-femmes. Cette situation est aggravée par des faiblesses de capacités techniques et organisationnelles des Administrations publiques qui plombent la performance des mécanismes et processus d’institutionnalisation du Genre mis en place dans les pays. Ainsi, dans la quasi-totalité des Etats, les processus nationaux d’institutionnalisation du Genre restent encore dans les phases de “pratiques genre naissantes’’ et de “pratiques genre émergentes’’ (Annexe 14) du fait de nombreuses insuffisances, au regard du Genre, dans les cadres organisationnel, stratégique, opérationnel, budgétaire, de suivi-évaluation et de gestion des ressources humaines. 

Le schéma organisationnel type s’inscrit dans une dynamique qui optimise la marge de manœuvre entre les obstacles et les opportunités de chacun des quatre principaux types d’enjeux d’institutionnalisation du Genre que sont : les enjeux de citoyenneté, les enjeux politiques, les enjeux organisationnels et les enjeux opérationnels. En outre, le schéma organisationnel type mobilise les pouvoirs de base qui stabilisent toute organisation, notamment le pouvoir règlementaire, le pouvoir de gestion, le pouvoir de contrôle et le pouvoir d’information (Albouy, 1978). Il privilégie une approche intégratrice dans le souci de permettre aux processus d’institutionnalisation du Genre dans les différents États membres de l’UEMOA de tirer avantages des bonnes pratiques déjà institutionnalisées dans les secteurs d’intervention. Un autre atout de ce schéma est de favoriser la synergie afin d’éviter une juxtaposition de mécanismes institutionnels qui est source de lourdeur des processus, de ralentissement de l’appropriation de l’approche genre par les acteur-tri-ces et de conflits d’agenda.

Aussi le schéma organisationnel type d’institutionnalisation du Genre s’organise-t-il autour des principales fonctions de gestion des affaires de l’État à savoir les fonctions d’orientation et de décision, de coordination, de pilotage, et d’exécution. Dans ce schéma, les activités d’orientation et de décision sont exclusivement du ressort des hautes instances de l’Exécutif, notamment la Primature, le Secrétariat Général du Gouvernement et le Conseil des Ministres. À cet effet, ce schéma organisationnel type inclut l’institutionnalisation du Genre dans les attributions des structures de la Primature qui assure la gestion de l’action gouvernementale dans la majorité des pays de l’Union, il est préconisé d’inscrire au nombre des missions du service technique qui en à la charge une attribution relative à l’institutionnalisation dans le pilotage de l’action gouvernementale en vue d’en améliorer la sensibilité aux questions de sexospécificité. Le renforcement des attributions des hautes instances gouvernementales en matière de Genre s’étend également au Secrétariat Général du Gouvernement, et à ses différents départements, afin de lui permettre d’influer positivement sur la sensibilité des documents soumis à l’attention du Conseil des Ministres. La dynamique de l’institutionnalisation du Genre dans les fonctions d’orientation et de décision des pays de l’UEMOA devrait être accompagnée d’un programme de renforcement des capacités des hautes personnalités sur le Genre, ses enjeux sur le développement ainsi que la méthodologie de son intégration dans les politiques publiques.

Concernant la fonction de coordination et de pilotage des processus d’institutionnalisation du Genre, elle est, dans le cadre du schéma, assurée dans une approche multisectorielle. À cet effet, un Comité Multisectoriel d’Institutionnalisation du Genre (CMIG) est créé sous la présidence du Ministre en charge du Genre. Ce CMIG comprend un Organe Délibérant (OD_CMIG), une Commission Consultative (CC_CMIG) et un Secrétariat Technique Permanent (STP_CMIG).

Pour ce qui concerne la fonction d’exécution située au niveau micro du STIG, elle est assumée par l’ensemble des Ministères, chacun selon ses attributions et son ou ses domaines d’interventions. Concernant cette fonction, l’on distingue les structures centrales de celles intervenant localement conformément à la politique de déconcentration et décentralisation en vigueur dans les pays. 
Au niveau central, dans l’optique d’une meilleure institutionnalisation du Genre dans la chaîne de Prospective, Planification, Programmation, Budgétisation, Suivi et Évaluation (PPPBSE), il est créé une Direction chargée de l’appui à l’Institutionnalisation du Genre (DIG) au sein de la Direction Générale du Plan du Ministère en charge de la planification du développement. 

Au niveau local, une Unité Locale d’Institutionnalisation du Genre (ULIG) est créée au sein des Directions régionales des Ministères en charge de la planification qui conduisent les processus locaux de planification du développement dans les différents pays de l’UEMOA.
Dans l’ensemble, la réussite, en termes de performance et d’efficacité, du présent schéma organisationnel type d’institutionnalisation du Genre dépendra fortement de la volonté politique notamment la mise en place d’un arsenal légal et règlementaire favorable à la promotion de la sexospécificité, la construction des compétences techniques et opérationnelles pertinentes en matière d’intégration du Genre, et de l’existence d’un environnement sociopolitique apaisé. À ces conditions peuvent être ajoutée l’existence d’un système pertinent et performant de suivi-évaluation.