Soumis par reza le May 07

1.1. Justification de la Stratégie Genre au sein de l’UEMOA

L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine a pour mission d’impulser et de coordonner l’intégration des économies des États membres en vue de créer un environnement favorable à la création de richesses pour un mieux-être des populations de l’espace communautaire. 

Cette mission est traduite par les objectifs définis dans le Traité de l’UEMOA, à savoir : 

Cette mission est traduite par les objectifs définis dans le Traité de l’UEMOA

Le Protocole additionnel N°II du Traité, relatif aux politiques sectorielles de l’UEMOA, stipule en son article 3 que « L’Union met en œuvre des actions communes en vue de créer un cadre favorable au renforcement du rôle de la femme dans l’intégration régionale et le développement économique et social des pays membres ».

Sur la base du Traité de l’Union et conformément aux engagements pris par les États membres auprès des Nations Unies et dans le cadre de la 4ème Conférence Mondiale de la Femme tenue à Beijing (1995), le Conseil des Ministres de l’Union a adopté, en 1999, la recommandation N°03/99/CM/UEMOA relative à la mise en œuvre d’actions communes en matière de promotion et de renforcement du rôle de la femme dans l’UEMOA. 

Cette recommandation invite les États membres, dans un souci d’égalité des chances, à mettre en œuvre, à court et à moyen termes, le plan d’actions communautaires pour la promotion et le renforcement du rôle de la femme  articulé autour des axes suivants : 

  1. la mise en place d’un mécanisme national de suivi et d’évaluation du plan d’actions communautaires en matière de renforcement du rôle de la femme ;
  2. la mise en œuvre de mesures incitatives pour soutenir l’accès et le maintien des filles dans tous les ordres d’enseignement ; 
  3. le recours à la Commission de l’UEMOA pour la coordination de la mobilisation des fonds et de l’expertise nécessaires pour la mise en œuvre du plan d’actions communautaires ; 
  4. l’accroissement de la visibilité de la contribution économique et sociale des femmes ;
  5. la mise en réseau des associations professionnelles des femmes et des opératrices économiques de l’Union ; 
  6. la prise en compte des questions Genre et développement dans les politiques et programmes au sein de l’Union ; 
  7. la ratification par les États non encore signataires de la Convention sur l’élimination de toutes les Discriminations à l’égard des Femmes (CEDEF) et par tous les États membres, du Protocole facultatif relatif à la CEDEF ; 
  8. l’appui auprès des institutions financières pour le renforcement d’activités rémunératrices ou créatrices d’emploi entreprises par les femmes et orientées vers elles.

Dans le cadre de la mise en œuvre de cette recommandation   la Commission a réalisé plusieurs actions majeures visant la promotion de la femme et de la jeune fille, telles que :

  1. la création d’un Réseau des Opératrices économiques de l’UEMOA (RESOPE) ;
  2. la formation des membres du RESOPE en artisanat et en gestion selon l’approche « Germe » du BIT ;
  3. la formation de formateurs en réparation des séquelles de l’excision ;
  4. une étude sur la problématique de scolarisation de la jeune fille en zones transfrontalières.

De plus, des formations en matière de Genre et développement ont été offertes aux décideurs et aux cadres de la Commission. 

L’analyse participative de la performance institutionnelle de la Commission en matière d’intégration du Genre, conduite en juin 2012, a démontré que ces actions étaient utiles pour les bénéficiaires. Elle a toutefois révélé que leur portée était limité au regard, notamment, de l’étendue ou de l’échelle communautaire des préoccupations adressées et de l’ampleur des besoins à combler. De plus, la mise en application de ces formations par l’intégration du Genre dans les politiques sectorielles n’a pas été systématisée.

Cette faible portée globale de l’intervention de la Commission en matière d’intégration du Genre, associée à l’attention de plus en plus marquée pour les principes de base du Traité de l’Union (tels la subsidiarité et la complémentarité), encourage la Commission à inscrire sa Stratégie d’intégration du Genre dans une approche régionale et structurante, génératrice de valeur ajoutée significative pour les États membres de l’Union. Cette approche régionale de la Stratégie Genre assure, en effet, les bases d’une poursuite de la responsabilité individuelle et collective des États et les possibilités d’une meilleure rationalisation des interventions de la Commission en matière d’intégration du Genre, conformément à la vision UEMOA 2020 approuvée par les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union.

Cette option correspond à l’esprit du rapport du 4 décembre 2010 du Panel de Haut Niveau sur la Vision 2020 de l’UEMOA qui a donné un souffle nouveau en formulant la recommandation suivante : « prendre en compte la dimension « Genre » et la dimension « jeunes », de manière plus systématique dans l’élaboration des politiques ».1

L’opérationnalisation du Plan Stratégique de la Commission 2011-2020 et l’élaboration du Programme Intégré de Renforcement des Capacités (PIRC) ont ainsi permis de favoriser l’ancrage de l’approche d’institutionnalisation du Genre, conformément à la volonté de la Commission d’enregistrer des progrès en la matière, et de moderniser sa gestion par l’amélioration de ses performances institutionnelles et techniques et une meilleure prise en compte de la dimension Genre dans ses politiques et programmes et l’élaboration d’une Stratégie Genre à l’endroit des États membres.

La Stratégie Genre constitue un cadre de référence pour accélérer les avancées en matière d’intégration systémique du Genre au sein de la Commission afin de donner un nouvel élan et d'enregistrer des progrès plus significatifs au niveau régional en proposant une vision et des orientations stratégiques porteuses de changement, et en phase avec la Vision 2020 de l’UEMOA, l’évolution des sociétés et les défis exprimés par les États.

La Stratégie Genre se veut un levier régional qui vient en complémentarité aux Politiques Nationales Genre des États membres2. Ainsi, elle permettra d’apporter des réponses adaptées aux problématiques communes tout en tenant compte des enjeux régionaux qui touchent différemment les femmes et les hommes, la jeunesse (filles et garçons).  

1 L’UEMOA, en 2020, Rapport du Panel de Haut Niveau, 4 décembre 2010, page 23.

2 Tous les États membres se sont dotés d’une Politique Nationale Genre adoptée par leur Conseil des Ministres. Celle de la Guinée-Bissau a été élaborée et est en attente d’adoption.