Soumis par innoprox le Apr 30

3.3.3.4 Jeunesse et citoyenneté

La jeunesse représente plus de 60% de la population totale dans l'UEMOA, soit plus de 70 millions de personnes. Cependant, ce groupe fait face à de nombreux défis socio-économiques qui limitent son épanouissement et sa contribution au développement régional.

Chômage élevé et sous-emploi : le taux de chômage parmi les jeunes de l'UEMOA est l'un des plus élevés du continent, avec des taux qui varient souvent de 30% à 40% dans certains États membres (OIT : World employment and social outlook: Trends for Youth" (2020)). Cette situation est exacerbée par un manque de création d’emplois dans des secteurs dynamiques et le désalignement entre les compétences des jeunes et les besoins du marché. En conséquence, de nombreux jeunes sont contraints au sous-emploi informel, qui représente une grande partie des emplois occupés par cette population, offrant peu de sécurité ou de perspectives de croissance. 

Inadéquation des systèmes d’éducation et de formation professionnelle : les systèmes éducatifs actuels de la région restent insuffisamment adaptés aux exigences du marché du travail. Peu orientés vers des filières techniques et professionnelles, ils ne dotent pas les jeunes des compétences pratiques nécessaires dans des domaines porteurs comme l’agriculture moderne, le numérique, les énergies renouvelables, ou les industries créatives. La formation professionnelle est également sous-développée : les centres de formation sont peu nombreux et concentrés dans les zones urbaines, limitant ainsi l’accès aux jeunes des zones rurales. De plus, les formations offertes ne sont pas toujours en phase avec les évolutions rapides du marché de l'emploi, réduisant l'employabilité des jeunes diplômés. (UNESCO - "Global Education Monitoring Report" (2021)/BAD African Economic Outlook" (2022))

Accès limité aux services d'identification et d'état civil : environ 40% des jeunes de la région n'ont pas d'identité légale, ce qui limite leur accès aux services publics, y compris l'éducation et la formation. L'absence de documents d'identité limite l’accès à des programmes de soutien, de protection sociale, et de financement pour entreprendre des initiatives économiques. Cette lacune structurelle freine également les efforts de modernisation et d'inclusion sociale de la jeunesse dans l’économie formelle.

Ces problématiques mettent en évidence le besoin urgent de renforcer les systèmes d'éducation et de formation professionnelle dans l'UEMOA afin de mieux répondre aux réalités économiques et aux aspirations des jeunes. L'éducation et la formation professionnelle méritent d’être adaptées pour inclure :

  • ­des filières techniques et professionnelles alignées sur les secteurs porteurs (agriculture moderne, technologie, artisanat, etc.) ;
  • ­des programmes d'entrepreneuriat et de compétences numériques pour développer l'esprit d'initiative et la résilience économique des jeunes ;
  • une inclusion accrue des formations en milieu rural pour encourager la croissance dans les zones agricoles et limiter l’exode rural.

Le développement des systèmes d’identification numériques répond à un problème humain crucial dans l’UEMOA et recèle de multiples opportunités. Au rang de celles-ci, on peut notamment citer la croissance du marché de la biométrie (estimée à 21% par an en Afrique), l’amélioration de la gouvernance des États, l’inclusion financière, l’autonomisation des femmes et des filles, ou encore le renforcement de l’intégration régionale par l’harmonisation et l’interopérabilité des systèmes d’enregistrement des faits d’état civil et d’identification numérique. L’amélioration des systèmes d’identification permettrait en outre aux pouvoirs publics d’investir dans le capital humain en promouvant l’élargissement de l’accès aux services d’éducation et aux programmes de protection sociale.

Une initiative forte a été mise en place par la Banque Mondiale pour généraliser l’identité numérique (ID4D). Une coopération entre la Commission de l’UEMOA et l’initiative ID4D de la Banque Mondiale ouvrirait des perspectives prometteuses pour la généralisation de l’identité numérique au sein de l’Union. En cela, l’initiative ID4D représente un levier stratégique pour le développement régional et la modernisation des infrastructures administratives de l’Union.

L’initiative ID4D de la Banque Mondiale est illustrée ci-après. 

Le renforcement du sentiment d’appartenance à l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est essentiel pour assurer la cohésion et l’intégration régionale. 

La citoyenneté et l’identité UEMOA jouent un rôle central dans ce processus, en tant que moteurs de la participation active des citoyens aux objectifs de l’Union et du renforcement des liens sociaux, culturels (à travers la mise en valeur des expressions culturelles de l’Union) et économiques entre les États membres. L’appartenance à l’UEMOA doit être cultivée à travers des actions éducatives, culturelles et économiques qui valorisent les intérêts communs, tout en soutenant le développement d’une identité régionale forte et inclusive. De plus, le soutien à des projets transnationaux, tels que les infrastructures partagées ou les initiatives environnementales, contribue de manière significative à l’unité et à l'identité au sein de l'Union.