1.1.1. Institution et institutionnalisation
Selon Émile Durkheim, l’institution fait référence à «l’ensemble des pratiques, des rites et règles de conduite entre des personnes ainsi que l’ensemble des représentations qui concernent ces pratiques, qui définissent leur signification et tendent à justifier leur existence». Allant dans le même sens, Meyer et Rowan (1977) la définissent comme «l’ensemble des règles culturelles structurant l’activité organisationnelle». Ces règles sont des compromis trouvés par les différents acteurs en vue de stabiliser leurs relations (Houngbo, 2016). L’auteure précise d’ailleurs que ces règles intègrent « les normes, les modes de conduite, la manière de penser, la manière d’agir et les croyances partagées». Pour d’autres auteurs comme Lounnas (2004), l’institution est «le produit d’un processus d’institutionnalisation, évolutionniste, lent et persistant durant lequel les activités des humains deviennent des coutumes, ensuite se transforment en mœurs puis en institutions».
L’institutionnalisation est donc un processus qui consiste à formaliser, à faire accepter et à pérenniser les relations sociales (Dimaggio, 1988). Ribeiro (2006) la considère comme «une reconnaissance formelle d’une manière de faire et son incorporation dans les actions quotidiennes». Pour Berger et Luckmann (1966), il s’agit d’un processus, à trois étapes majeures, «par lequel des pratiques deviennent tenues pour acquises». Ces étapes du processus d’institutionnalisation que distinguent Berger et Luckmann sont :
- l’extériorisation qui correspond à l’ensemble des comportements des individus qui fait de la société un produit de l’action humaine ;
- l’objectivation qui est le résultat dans l’espace et dans le temps des pratiques institutionnalisées ;
- l’intériorisation correspond à la phase où les pratiques institutionnalisées sont socialisées au sein des institutions. Ainsi, globalement, plus les pratiques et les manières de faire sont institutionnalisées et moins les acteur-trice-s s’interrogent sur leur origine (Huault et Leca, 2009).
Dans cette étude, l’institutionnalisation est comprise comme un processus de reconnaissance formelle et de systématisation de pratiques de gestion et de gouvernance de manière à les tenir, à termes, pour acquises. Aussi, lorsque les pratiques sont socialisées au sein d’une Institution (Intériorisation), le respect des pratiques de gestion ou de gouvernance (pouvoir) ne dépend pas de l’appréciation d’une quelconque personne mais de l’institution toute entière.