Soumis par reza le May 18

1.4.1. Le cadre des politiques Genre en Afrique et des États membres

Depuis la Conférence de Beijing (1995), les États africains ont marqué des avancées significatives dans la mise en place des cadres juridiques et politiques régissant l’égalité entre les femmes et les hommes.

La parité entre les femmes et les hommes est un principe fondamental inscrit dans l’Acte constitutif et les statuts de l’Union Africaine qui doit se traduire par la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’ensemble de ses programmes et activités. Conformément à ce principe, l’UA a adopté une Politique Genre en 2009, qui précise les engagements des États en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, notamment,

  1. l’adoption et la mise en place de réformes et mesures légales contre la discrimination pour assurer l’égalité entre les sexes ; 
  2. le renforcement des capacités pour l’intégration systémique du genre et son implantation dans tous les secteurs ; 
  3. l’intégration régionale par l’harmonisation, l’alignement et l’optimisation des politiques d’égalité entre les sexes des États et des communautés économiques régionales.

Par ailleurs, l’égalité entre les hommes et les femmes est réitéré dans l’agenda 2063 comme l’un des piliers du  programme de transformations structurelles et de développement sur 50 ans du continent africain. 

L’Agenda, aspire à « une Afrique dont le développement est axé sur les populations, qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes… » (Aspiration 6).

La CEDEAO a également adopté en mars 2004 une Politique en matière de Genre. La Politique s’appuie sur les conventions internationales et africaines, les 12 domaines critiques du Plan d’action de Beijing et les OMD. 

À travers cette Politique, les États membres de la CEDEAO se sont engagés notamment à « créer un environnement propice à l’égalité et à l’équité en matière de Genre en vue de parvenir à un développement durable, à adopter une approche sous régionale dans la mise en œuvre des actions internationales, régionales et nationales en matière d’égalité de Genre et de droits humains, de représentation des femmes dans la gouvernance, d’éducation de qualité et de participation, de lutte contre le VIH/SIDA. »

Les champs d’application de cette Politique concernent les États membres, les institutions et agences de la CEDEAO de même que les politiques régionales et sectorielles soutenues par la CEDEAO et ses institutions spécialisées.

Au niveau de l’UEMOA, la Recommandation N°03/99/CM/UEMOA invite les États membres, dans un souci d’égalité des chances, à mettre en œuvre à court et à moyen termes le plan d’actions communautaires pour la promotion et le renforcement du rôle de la femme articulé entre autres autour de la mise en place de mesures incitatives pour soutenir l’accès et le maintien des filles dans tous les ordres d’enseignement ; l’accroissement de la visibilité de la contribution économique et sociale des femmes ; la mise en réseau des associations professionnelles des femmes et des opératrices économiques de l’Union ; la prise en compte des questions « Genre et développement » dans les politiques et programmes au sein de l’UEMOA, etc…

Tous les États membres de l’UEMOA se sont dotés d’une Politique Nationale Genre, lesquelles ont été adoptées en Conseil des Ministres à l’exception de celle de la Guinée qui est en attente d’adoption. Ces politiques Genre s’inscrivent dans les orientations préconisées par l’Union Africaine et la CEDEAO et sont en conformité avec le Plan d’actions de Beijing en matière d’intégration transversale du Genre dans la gouvernance et les politiques publiques.

Dans la plupart des pays, la mise en œuvre des politiques Genre se heurte à une insuffisance de financement, à des faiblesses institutionnelles des mécanismes nationaux chargés du genre et à des capacités techniques limitées. 
Les documents stratégiques de croissance et de réduction de la pauvreté de la plupart des pays intègrent la dimension Genre dans le diagnostic et les actions prioritaires mais la cohérence à assurer entre ces cadres nationaux, les politiques sectorielles, les politiques en matière de Genre et l’allocation des ressources budgétaires requises représentent un défi. 

L’insuffisance de données désagrégées par sexe et domaine d’études sur des problématiques macro-économiques, régionales et des budgets temps, ajoute à la complexité et limite le ciblage des politiques en faveur de la réduction de la pauvreté, l’élimination des disparités entre les sexes et entre les régions urbaines et rurales.

La territorialisation des politiques publiques dont celles relatives au Genre, en vue d’offrir des services de proximité aux citoyens (femmes et hommes), de les associer aux décisions du développement, à la mobilisation et à la gestion des ressources, constitue un vaste chantier pour l’ensemble des pays de l’espace UEMOA.

Par conséquent, la Stratégie Genre de l’UEMOA veillera à la complémentarité de ses interventions avec celles de l’Union Africaine, de la CEDEAO, dans le souci de consolider les acquis et les succès de chacune d’elles et d’une meilleure utilisation des ressources mobilisées ainsi que la recherche d’une plus-value aux actions menées par les États membres à travers leurs Politiques Nationales Genre, en vertu des principes de complémentarité et de subsidiarité.