Soumis par reza le May 18

1.3.5. La situation du Genre aux plans de la démographie et de la santé

L’espace UEMOA compte 100 millions d’habitants. Le taux annuel moyen de croissance démographique de la population totale pour la période de 2010-2015 s’est établi à 2,6%, avec un pourcentage variant de 2,0% pour le Togo à 3,5% pour le Niger. La population de l’espace UEMOA est la plus jeune du monde avec un âge médian qui varie de 15,1 pour le Niger et 20,3 pour la Côte d’Ivoire pour se situer à une moyenne de 17,9 ans pour l’Union10.

En 2012, l’espérance de vie à la naissance dans l’espace UEMOA varie selon les pays de 53 à 64 ans avec une moyenne de 57,8 ans et une progression annuelle de 0,7% entre 1990 et 2012. L’espérance de vie moyenne chez les femmes est de 60,4 ans contre 57,6 ans pour les hommes11.

L’indice de fécondité élevé, variant de 4,8 au Togo à 7,6 au Niger, constitue le défi démographique majeur en Afrique. À cela s’ajoute un taux de mortalité maternelle élevé variant de 320 à 720 pour 100 000 naissances vivantes en 201212 avec une moyenne de 496,3 pour 100 000 naissances vivantes pour l’espace UEMOA. L’ampleur des efforts à déployer indique que la cible fixée pour 2015 dans le cadre des OMD, soit un taux de 197,8/100 000 pour l’espace UEMOA et de 172/100 000 pour l’Afrique de l’Ouest, ne pourra être atteinte. 

Rappelons qu’en 2009, la situation relative à la mortalité maternelle en Afrique était à ce point critique que le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a adopté, le 17 juin de la même année, une résolution reconnaissant que la mortalité maternelle évitable est une violation des droits de la femme à la vie, à la santé, à la dignité, à l’éducation et à l’information.

La couverture contraceptive qui varie de 8 à 18% en 2012 avec une moyenne de 13,9% dans l’espace UEMOA reste faible par rapport aux autres régions du continent : Afrique du Nord (60%), Afrique aAustrale (58%), Afrique de l’Est (26%) et l’Afrique centrale (19%). 

Les pratiques socioculturelles telles que le mariage précoce, la grossesse précoce, les Mutilations Génitales Féminines, le faible pouvoir de décision des femmes dans la famille et sur leurs choix de vie, la pression sociale pour avoir beaucoup d’enfants et un accès limité à l’éducation et aux services de santé de la reproduction sont au nombre des facteurs qui conduisent à des taux élevés de mortalité maternelle, un problème qui peut être évité et réglé si on l’aborde comme une question des droits humains, selon la Rapporteur spéciale de l’ONU sur les droits des femmes en Afrique13.

En ce qui concerne le VIH-SIDA, bien que la couverture des soins et l’accès aux traitements antirétroviraux de la maladie se soient accrus, le taux de prévalence pour l’espace UEMOA varie de 1 527 à 1 167 pour 100 000 habitants pour la période de 2001 à 2012. Ce taux de prévalence a baissé en moyenne de 3,7% par année sur la période de 2001 à 2012 mais il reste le double du niveau mondial (511)14. La couverture en antirétroviraux dans l’espace UEMOA n’est que de 50% des besoins. Par ailleurs, d’autres maladies demeurent très préoccupantes. La malaria constitue la cause principale de la mortalité infantile (66,5/1 000) et d’anémie chez les femmes enceintes dans l’espace UEMOA. 

Selon le rapport des OMD 2015, des progrès importants ont été enregistrés dans l’accès des populations à une source d’eau potable, ce qui contribue à l’allègement de facto de la pénibilité du travail pour les femmes et entraînant une diminution des maladies hydriques. Dans l’espace UEMOA, tous les pays ont amélioré la couverture des besoins en eau potable entre 1990 et 2012, avec des taux de couverture qui sont passés de 28,1% à 67,2% au Mali, de 43,6% à 81,7% au Burkina Faso et de 34,3% à 52,3% au Niger. Toutefois, ces améliorations sont insuffisantes dans le milieu rural et l’accès généralisé à une source d’eau potable exigerait de doubler la couverture actuelle en raison de la forte croissance démographique. Selon des estimations faites par ONU Femmes15, « rien qu’en Afrique subsaharienne, les femmes passent 40 milliards d’heures par an à l’approvisionnement en eau des ménages, soit l’équivalent d’une année entière de travail de toute la population active de la France, en raison des difficultés d’accès à l’eau ». 

En outre, les effets du changement climatique, notamment la dégradation du couvert végétal, la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre, conjugués à la croissance démographique rapide, à la crise économique et alimentaire et à l’exode rural sont autant de facteurs qui contribuent à la précarité des revenus, à l’insalubrité de l’habitat et à la rareté de l’eau potable. 

10 L’âge médian par pays : Bénin (17,7), Burkina Faso (17), Côte d’Ivoire (20,3), Guinée-Bissau (19,8), Mali (16), Niger (15,1), Sénégal (18,4) et Togo (19,6). Source UNFPA.

11 Statistiques sanitaires mondiales 2014, Organisation Mondiale de la Santé.

12 Statistiques sanitaires mondiales 2014, Organisation Mondiale de la Santé.

13 Statistiques sanitaires mondiales 2014, Organisation Mondiale de la Santé.

14 Statistiques sanitaires mondiales 2014, Organisation Mondiale de la Santé.

15 Le progrès des femmes à travers le monde 2008-2009. Qui est responsable envers les femmes? Genre et redevabilité. Résumé analytique, UNIFEM. 2009, page 2.